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26/03/2014

"Front républicain" : un réflexe de somnambule

municipales,politique

 Les réactions de Matignon et Solférino laissent perplexe :  


 

Parler de ''front républicain'' est un symptôme mental de leur part : les dirigeants socialistes devraient savoir que ce slogan ne prend plus chez l'électeur ! Celui de gauche le rejette, pour ne pas justifier le concept lepéniste d'UMPS. Celui de droite le rejette aussi, sachant que le piège du FN fut créé par Mitterrand comme machine à faire perdre la droite modérée ; ce calcul mitterrandien impliquait que le FN reste solitaire, ce à quoi veillait Jean-Marie Le Pen : or sa fille a choisi une stratégie inverse qui commence à donner des résultats. Les socialistes sincères (s'il en reste) devraient maudire rétrospectivement le calcul de ''Dieu'' – comme l'appelaient les humoristes des années 1980.

 

Les gens pourraient admettre un front ''républicain '' s'ils voyaient une ''République'' : c'est-à-dire un Etat, souverain et gouvernant. Est-ce le cas ? La Cinquième n'a cessé de s'efflilocher depuis les années 1990 : démontage de l'économie française, assujettissement à la machinerie de l'UE qui démolit sans construire, prosternation (depuis Sarkozy) devant les intérêts américains... Hollande y ajoute sa note personnelle : surenchères de complaisances ''sociétales'', substituées au politique sous le nom usurpé de ''valeurs républicaines'' ; mépris envers les classes moyennes et populaires ; abandon du social ; capitulation au profit du financier, notamment par la pseudo-loi sur les banques... En gros : tout ce que des personnages comme Lloyd Blankfein (Goldman-Sachs) pourraient prescrire aux dirigeants des pays occidentaux.

 

Ce bilan n'est pas entièrement à la charge de Hollande, puisque toute la classe politique en partage la responsabilité. Mais c'est Hollande qui est à l'Elysée, c'est lui que les Français tiennent pour coupable, et ce grief est aggravé par le comportement d'un certain nombre d'amateurs et de sectaires narcissiques qui siègent au gouvernement.

 

Constat lucide de Claude Bartolone (le soi-disant ''Don Bartolone'' du 93, qui n'y parrainera plus grand'chose lundi prochain) : ''Un peu partout la jeunesse nous a manqué, les couches populaires se sont détournées, les classes moyennes nous ont évités, les banlieues et les campagnes se sont terrées...'' Et d'Emmanuel Maurel, membre de la direction du PS et vice-président du conseil général d'Ile-de-France : ''les Français réclament plus de justice sociale.'' Ce diagnostic étonne, au bout de deux ans et demi de pouvoir de gauche... Mais Hollande l'a-t-il entendu ? Sa tête est ailleurs. Il revient de La Haye, où il a pris les consignes d'Obama, et il déroule le tapis rouge à Xi Jinping, repreneur espéré d'une partie de l'industrie française.

 

Dimanche prochain, les socialistes vont recevoir – si l'on en croît les politologues – une deuxième gifle de l'électorat. Après quoi ce gouvernement, ou un autre, devra présenter aux parlementaires (dont beaucoup de giflés) un ''pacte de responsabilité'' ne profitant qu'au Medef et un plan d'économie de 50 milliards d'euros, l'un et l'autre devant être validés ou rejetés par M. Barroso. Dans ces conditions, parler de ''front républicain'' ressemble à un réflexe de somnambule.

 

 

Commentaires

LES ENTREPRISES AUSSI

> Comme vous l’écrivez, Patrice : « mépris envers les classes moyennes et populaires ; abandon du social ; capitulation au profit du financier, notamment par la pseudo-loi sur les banques... »
Aujourd’hui, le front passe notamment dans les entreprises, et les syndicats sont sous pression… Sauront-ils éviter à leur tour le discrédit ? Ils doivent en effet affronter une variante de la politique menée par le chancelier Schroeder en Allemagne. Notre « Boboland » socialiste (appelez-moi Bob, pourrait d’ailleurs dire notre très américanophile chef de l’Etat) se livre sans état d’âme à la mondialisation dumping et discount. La France est devenue un grand corps malade auquel est prescrite en réalité une seule et même potion, à coups de pactes « de compétitivité » ou « de responsabilité » bidons : la baisse générale et globale des salaires, hors fonctions managériales. Du cadre moyen à l’ouvrier, les Français les plus modestes sont invités à se convertir à la décroissance salariale. Et dire que la gauche socialiste espère, avec une telle politique, retrouver les faveurs de l’opinion !
Aux dernières nouvelles (les JT), François Hollande s’apprêterait à annoncer une prochaine baisse des impôts des plus modestes tout en sacrifiant le grand argentier Moscovici à l’occasion du remaniement gouvernemental. Là encore, pas crédible. De la com’, de l’habillage !
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Écrit par : Denis / | 26/03/2014

LUCIDE

> Autre constat lucide de quelqu'un bien loin de nous:

"le fossé qui sépare les « deux France", qui confirme que c'est la France aisée qui exigeait le mariage pour tous. C'est Mamère qui le dit!

http://blogs.rue89.nouvelobs.com/chez-noel-mamere/2014/03/25/noel-mamere-laisser-une-ville-au-fn-pour-voir-sinistre-plaisanterie-232597

Il faut que la Gauche se différencie de la Droite, dit-il. Mais les déçus de l'UMP clament qu'il faut que la Droite se différencie de la Gauche. Ce qu'elles ne peuvent faire ni l'une ni l'autre, enfermées qu'elle sont dans la double prison mentale de l'individualisme et du supranationalisme.
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Écrit par : Pierre Huet / | 26/03/2014

UNE VRAIE RÉPUBLIQUE

> de toutes façons, une vraie "république", res publica le régime du bien commun, ne peut pas passer son temps à faire de lois pour répondre à des cas particuliers ou plutôt à des lubies particulières.
qui parle de "front républicain", de "garder les valeurs de la république" sous-entend "continuité", "sauvegarde de l'Etat" bref tout ce que n'est plus l'état actuel qui suit les dérives, les modes, se caractérise par la démagogie.
Et puis comment parler de continuité de l'Etat quand on obéit à un soviet libéral supranational ?
comment parler "république/ bien commun" quand on ne se préoccupe que de donner carte blanche à un monde économique qui quand on parle de "personne" entend "consommateur" ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 26/03/2014

ANALYSE

> Votre analyse est vraiment excellente, cela fait du bien de la lire. Je la partage sur Facebook pour qu'elle dépasse le simple cercle de votre blog. Merci!
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Écrit par : Robert Culat / | 27/03/2014

@ Denis

> Vu que nous sommes dans un marché européen complètement ouvert et un marché mondial ou il y a déja de mauvais courants d'air, et vu qu'un critère important (pas le seul) d'achat des particuliers et plus encore des grandes entreprises, comme les centrales d'achat de grande distrib' est le prix, la pression sur les salaire, comme celle sur l'agriculture, ne peut que s'aggraver. Et avec le rapprochement entre l'Ukraine et l'UE, nous allons souffrir encore bien plus.
Le bull-dozer du libéralisme, c'est le libre-échange européen et mondial. Tant que nous n'en sortirons pas, la tendance asymptotique des salaires sera le niveau du sud-est asiatique et le modèle environnemental sera Pékin.
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Écrit par : Pierre Huet | 27/03/2014

LE P. BONNET

> Je reviens sur le billet du P. Bonnet :

http://www.yannikbonnet.com/Merci-a-Francois-Hollande-d-avoir-suscite-involontairement-un-sursaut-de-sante-morale-et-autres-motifs-de-satisfaction-P_a271.html

En filigrane, une question qui me travaille depuis un bon bout de temps. Je cite :

"Involontairement, bien sûr, en voulant imposer un ordre contraire à l'ordre naturel, il (F. Hollande) peut avoir rendu à nos compatriotes le service de commencer à réaliser que les alternances au sommet de l'Etat de personnages, élus sur des ressentis largement provoqués par le déferlement médiatique et sans convictions autres que leur arrivisme et leur égo surdimensionné, s'opposent à un travail politique cohérent dans la durée.

Il restera évidemment à mettre en place un mode de désignation de celui qui incarne ce Bien commun de façon que le respect de l'ordre naturel, de ce mode d'emploi de la personne humaine, accessible à la raison, soit intangible. Merci donc à F.Hollande d'avoir, en voulant contraindre les Français à adopter l'idéologie des "Lumières", d'avoir suscité une réaction de "santé morale", prémices d'une future union autour des valeurs portées par les racines chrétiennes de la France. "

Plus ça va, plus je me dis que, dans l'absolu, le régime le mieux à même d'assurer le respect du Bien commun est la monarchie héréditaire. Qu'espérer, en la matière, d'un chef d'Etat qui, après avoir employé la totalité son énergie à conquérir le pouvoir, n'aura qu'un seul but : le conserver le plus longtemps possible ? Nos rois n'étaient pas parfaits, certes, la sacralisation de l'Etat a commencé bien avant le siècle des Lumières, mais ils incarnaient quelque chose dont on aurait bien besoin actuellement : l'inscription du pouvoir politique dans la durée, dans une destinée collective qui le dépasse. Et également : l'idée que le souverain est destiné à servir, à occuper une fonction qu'il n'a pas choisie, avant que d'être servi.

Le roi en ce sens n'est pas l'Homme providentiel. Ce dernier s'impose parce qu'il est le plus fort. Dès qu'il cesse de l'être, c'en est fini. Il retourne au néant. Ainsi Bonaparte : au moment de la conjuration de Malet, personne n'a songé à proclamer le roi de Rome empereur des Français, avec Marie-Louise comme régente. Absolument PERSONNE. Alors que les rois de France pouvaient être battus, rebattus, faits prisonniers, …ils restaient rois. Jusqu'à leur mort.

Je peux vous le dire : mon rêve secret (enfin plus tant que cela maintenant…) serait que le fondateur de la Quatrième dynastie soit issu des populations originaires du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne...
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Écrit par : Feld / | 27/03/2014

PARISOT

> "Les réactions de Matignon et Solférino laissent perplexe."
Pas tant que ça: http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/03/29/pas-de-ni-ni_4391734_3232.html
C'est du Laurence Parisot; ça vaut le coup, je vous assure.
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Écrit par : ND / | 30/03/2014

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